En 2020, comme en 2019, les dons ont progressé. Nous nous sommes félicités notamment des grandes manifestations de solidarité auxquelles nous avons assisté : l’incroyable élan pour Notre-Dame de Paris il y a deux ans et le formidable soutien à
de multiples causes qui s’est enclenché dès le début de la crise sanitaire. Elles sont allées de pair avec des collectes accrues pour les organisations portant ces causes1, de pair également avec la multiplication des collectes individuelles via
les cagnottes en ligne. Que la générosité progresse est un motif d’espoir dans notre société et faire un don via une cagnotte peut donner le sentiment d’être personnellement impliqué dans le projet mis en avant. Cela peut sensibiliser à une cause, créer un attachement, conduire à une implication dans la durée et sans doute permettre à un nouveau public de faire rentrer l’acte de don dans une évidence citoyenne.
Le don via les cagnottes personnelles : un canal en croissance, des questions qui se multiplient.
Dans un contexte où la confiance « horizontale » - envers ses pairs, ses amis, ses connaissances - prime la confiance
« verticale » - envers une organisation, une institution, l’Etat -, les cagnottes personnelles en ligne drainent un flux de plus en plus important de générosité. Mettons de côté celles qui, sans être d’intérêt général, portent sur un projet personnel que des citoyens peuvent vouloir soutenir. Lorsqu’il s’agit d’un projet dont la portée est d’intérêt général, le citoyen a la possibilité, via une cagnotte, de faire appel aux dons soit pour reverser ensuite l’argent collecté, soit pour agir directement. Dans un cas comme dans l’autre, cela soulève un certain nombre de questions. Collecter pour ensuite soutenir une structure d’intérêt général est une très belle initiative. Il faut cependant rester vigilant sur quelques questions : comment garantir que tout l’argent sera bien reversé ? Des frais seront-ils prélevés au passage ? Quid des reçus fiscaux ? Qui détient les données personnelles des donateurs ?
Collecter soi-même : l’illusion de l'efficacité de l’aide directe.
Comme évoqué, il y a ceux qui collectent pour agir eux-mêmes. Dépasser ses intérêts personnels pour l’intérêt général est toujours un acte citoyen. Mais si l’intention est belle, le risque de déperdition est majeur. Mener une action nécessite un grand professionnalisme pour ne pas verser dans le gaspillage, l’injustice, l’irrespect envers les bénéficiaires. L’intention de faire le bien vaut peut-être pour celui qui agit, mais pas forcément pour celui qui reçoit. Aider suppose de faire des choix : qui ? comment ? pourquoi ? sur quels critères ? Et lorsqu’on œuvre dans l’intérêt général, je crois profondément que le collectif est nécessaire, pour éviter l'arbitraire, l’intérêt personnel, le sentiment de toute-puissance, le sentiment de redevabilité des bénéficiaires !
Privilégions le don direct aux professionnels du secteur !
S’il faut encourager les bonnes volontés, il ne faut pas sous-estimer la difficulté d’agir utilement et efficacement. Les associations et fondations œuvrant pour des causes d’intérêt général la connaissent. Elles développent des expertises, réfléchissent à leurs actions ; elles expérimentent, innovent et font des retours d’expérience ; elles se lancent dans l’évaluation, ce qui leur permet d’ajuster, voire de réorienter, leurs actions. Pour agir dans la durée, avec pertinence, de manière juste et respectueuse vis-à-vis des bénéficiaires, l’action doit être réfléchie et organisée. C’est ainsi que naissent et se développent les associations, que se créent des fondations. Pour un don utile, faisons confiance aux associations et fondations qui agissent avec transparence, dans le respect du donateur et de sa volonté.
Nathalie Blum, Directrice générale du Don en Confiance
Cet article a fait l’objet d’une publication dans le n° 641 du 15 juin 2021 de JurisAssociations
enfance, solidarité internationale, santé, environnement, recherche médicale, insertion sociale, lutte contre la précarité...